FLOTTES AUTOMOBILES – 16/10/2019

À l’occasion d’une conférence de presse, la Direction de la propreté et de l’eau (DPE) de la ville de Paris a organisé une visite de chantier de sa nouvelle station d’avitaillement privative en gaz naturel véhicule (GNV) située sur la ZAC Paul Meurice, dans le 20e arrondissement.

La flotte de la DPE compte en effet 1 400 engins qui roulaient majoritairement au diesel en 2014 et sont depuis presque tous passés à d’autres motorisations en vue de l’interdiction du diesel en 2024. Une opération qui a nécessité un investissement global de 125 millions d’euros selon Paul Simondon, adjoint à la mairie de Paris chargé de la propreté et de la gestion des déchets. La station Paul Meurice approvisionnera ainsi quotidiennement près de 150 véhicules de la DPE dès début novembre.

La visite a été l’occasion de faire le point sur la construction d’une station GNV, soumise en tant qu’installation classée à un cadre réglementaire très contraint. « La première étape consiste à récupérer le réseau urbain de gaz et à installer un système de comptage et de fermeture, ainsi qu’un système de coupure pour les pompiers », a expliqué Philippe Couland, chef de projet en phase réalisation chez la société Mesure Process, chargée de la conception et de la réalisation de la station. « Un capteur mesure le taux d’humidité présent dans le gaz et coupe l’alimentation si celui-ci est trop élevé pour ne pas abimer l’installation et éviter d’avoir de l’eau dans les réservoirs des véhicules », a-t-il précisé.

De là, le gaz arrive à très basse pression, 3,6 bars, et doit être comprimé à 250 bars pour réduire le temps de chargement des véhicules. Il faudrait sinon entre 15 et 20 minutes pour faire le plein et les véhicules emporteraient moins de gaz. La station Paul Meurice comporte deux compresseurs identiques et redondants. « Le gaz passe par quatre étages de compression successifs pour atteindre 250 bars, ce qui fait monter sa température, a décrit Philippe Couland. Un système de refroidissement gaz-eau intervient donc à chaque étage. » Les compresseurs sont situés dans des caissons insonorisés avec des capteurs et des extracteurs pour détecter et évacuer les fuites. En cas de coupure de courant, tout le système est arrêté.

Dans la station Paul Meurice, le gaz est ensuite transféré dans un stock tampon constitué de 28 bouteilles en acier, soit l’équivalent de 4 000 l de gaz, à partir duquel s’alimentent ensuite les véhicules qui se rendent dans la station. « Alors que le remplissage du réservoir avec de l’essence est gravitationnel, le plein de gaz s’effectue par équilibrage de pression : la charge s’arrête lorsque la pression est équilibrée, a rappelé Philippe Couland. Nous remplissons donc d’abord le réservoir avec du gaz à basse pression à 210 bars, jusqu’à ce que sa pression atteigne environ 208 bars. Puis nous ajoutons du gaz à moyenne pression et enfin à haute pression pour arriver progressivement à 230-240 bars. Un VU embarquant 30 kg de gaz se chargera en 3-4 minutes, contre 5-7 minutes pour un bus de 180 kg. » La station est dimensionnée pour alimenter 145 véhicules par jour.

Autre spécificité : comme la station se situe dans une installation de saumurage, « l’ambiance saline est très forte, même l’inox pourrait être attaqué, a averti Philippe Couland. Pour éviter toute fuite de gaz, nous avons donc utilisé du multi-tubes : des câbles tressés et gainés que nous avons enterrés et qu’il est possible de visiter avec un endoscope. »
Il faut environ 5 semaines pour produire un compresseur et 3 semaines pour mettre en place une station GNV si le génie civil est terminé. En revanche, l’obtention de l’autorisation auprès de la préfecture peut prendre deux ans. « La station a nécessité un investissement d’un peu plus de 700 000 euros tout compris », a précisé Ariane Bouleau-Saide, directrice générale de PariSeine qui a piloté le projet pour la ville de Paris.